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FRANCOPHONIE

COMMENT GÈRE-T-ON LA DIVERSITÉ LINGUISTIQUE ET CULTURELLE EN SUISSE ?

IMPACT DES NOUVELLES POLITIQUES MIGRATOIRES SUR « L'INTÉGRATION PAR LA LANGUE DES ÉTRANGERS »

Nous avons choisi de réfléchir dans ce texte à l'impact des nouvelles politiques migratoires sur les dispositifs d'accueil et de formation en langue(s) offerts (ou non) à des étrangers issus de migrations différentes en Suisse, pays officiellement plurilingue. Plus précisément, nous axerons nos analyses sur ceux résidant dans le Canton bilingue de Fribourg et comparerons leurs situations entre la capitale et les petites communes bilingues (de 3000 à 6000 habitants) où majorité et minorité linguistiques (francophone et germanophone) cohabitent*.

Coup d'œil sur les politiques migratoires sur les plans fédéral et cantonal : l'exemple du Canton de Fribourg

Depuis les années 1950, la Suisse recrute des travailleurs étrangers (Italie, Allemagne, Autriche, France, Espagne, exYougoslavie, Turquie et Portugal) afin de satisfaire les besoins économiques du pays. Mais cette présence étrangère suscite des craintes auprès d'une partie de la population, qui parle d'une manière récurrente d'une « surpopulation étrangère ». Aussi

* Ces analyses s'appuient sur la recherche doctorale menée par Josianne Veillette depuis 2007 et sur plusieurs textes que nous avons écrits en tandem ou en trio (voir bibliographie)

entre 1970 et 2008, le Conseil fédéral (pouvoir exécutif) adoptera différentes mesures pour tenter de limiter l'entrée d'étranger ou de sélectionner le « type » d'étranger désiré (quotas annuels en 1970 ; politique des « trois cercles » en 1991 ; politique des « deux cercles » en 1998 ; encourager l'intégration d'étrangers bénéficiant déjà d'une autorisation de séjour avec la modification à la Loi sur le séjour et l'établissement des étrangers en 1998).

En janvier 2008 est entrée en vigueur une nouvelle Loi fédérale sur les étrangers (LEtr). Cette loi, « règle [...] l'encouragement de l'intégration des étrangers » (art.1) et vise « à favoriser la coexistence des populations suisse et étrangère » et passe notamment par l'apprentissage d'une langue nationale (art. 4). Ces recommandations fédérales sont mises en application par les autorités cantonales, qui sont directement et seules responsables de la mise en place des dispositifs de formation en langues.

Puisque ce sont les cantons et les communes qui ont leurs propres politiques d'intégration, jetons un coup d'œil sur la situation du canton bilingue de Fribourg.

Depuis 2004, le Canton de Fribourg dispose d'une autorité pour encourager l'intégration des étrangers. Tandis que la Constitution fribourgeoise (2004) encourage l'accueil des étrangers, un « Délégué à l'intégration des migrantes et des migrants » s'occupe, depuis 2005, de tout ce qui touche à l'intégration dans le canton. Le Canton de Fribourg a aussi créé le Concept « Langue et formation » pour le Canton de Fribourg 2009 - 2011, afin d'offrir aux étrangers des cours de langues, notamment pour ceux qui se trouvent en-dehors de la principale ville de Fribourg, où se concentre actuellement l'offre. C'est par l'octroi d'aides financières que ce Concept compte « encourager » l'implication - volontaire - des communes dans l'élargissement de cette offre en langues.

Par ces nouvelles directives politiques à l'égard de l'intégration des étrangers par la langue, les politiques migratoires rencontrent officiellement,

Mots-clés : politiques migratoires ; intégration des étrangers par la langue ; dispositifs et besoins spécifiques; professionnalisation.

et pour la première fois, les politiques linguistiques. En quoi consistent-elles, justement ?

Aperçu des politiques linguistiques.

Une Suisse constitutionnellement plurilingue.

La Suisse est un pays plurilingue où existe, depuis 1848, une égalité de droit entre trois langues administratives sur le plan national (allemand, français, italien). Le romanche a, pour sa part, acquis le statut de langue nationale en 1939 (mais pas administrative, sauf dans sa région). La paix des langues se fonde sur la règle du Sprachenschutz : celle de la territorialisa-tion des langues, leur accordant une légitimité prioritaire par rapport aux autres langues [Schultheis, 1995]. Dans les régions ou communes bilingues, ce sont les autorités locales qui décident des aménagements en deux langues (ou non) selon les groupes en présence.

Dans ce rapport entre les groupes linguistiques, J. Widmer affirme : « Ce ne sont pas les différences « internes » entre les langues qui sont pertinentes mais les différences dans les rapports que chaque collectivité entretient avec ses langues, ce que j'appellerai leur architecture linguistique. [...]. La Suisse romande a un rapport à la langue française analogue à celui de Français. Bien parler le français suppose ne pas laisser d'indices concernant l'origine sociale ou régionale du locuteur. [...]. En Suisse allemande règne une forme de diglossie. L'allemand standard est pour l'essentiel à l'écrit tandis que les échanges oraux, même à la radio, recourent généralement à un parler. Un parler connote immédiatement une origine, une ville, un canton, une région, il renvoie à une collectivité historique tandis que l'usage d'une langue standardisée comme la langue française renvoie la parole à une norme -la langue française - posée comme une norme et un objet en surplomb du social. » [Widmer, 2004].

Ces rapports différents à la langue selon les régions linguistiques ou cantons concernés ont pour conséquence que la formation en langue sera conçue de manière différente et que les modalités « d'intégration par la langue » de publics

allophones (migrants internes ou externes) seront différentes d'une région linguistique à une autre.

En outre, jusqu'en 2005, le principe de l'enseignement de la « langue partenaire » était appliqué par tous les cantons : de la fin du primaire jusqu'à la fin du secondaire inférieur (I) et supérieur (II), le français était enseigné comme 1ère langue seconde dans les régions germanophones et l'allemand dans les régions francophones. Mais cette réciprocité idéale est remise en question. La majorité des cantons de Suisse alémanique prônent dorénavant l'enseignement de l'anglais dès l'école primaire (donc abandon du français comme 1ère langue seconde), tandis que le côté suisse romand abandonne progressivement l'allemand standard (langue de l'écrit) au profit de l'anglais, recourant à l'argument de la diglossie entre allemand standard et dialectes suisses allemands.

Ces politiques linguistiques nationales officielles sont des politiques exclusives : elles ne prennent pas en compte les autres langues parlées, celles de la migration, (comme l'espagnol, le portugais, le serbe ou le croate, le turc, etc.) sur le territoire suisse. Il y aurait donc de « bons » et de « mauvais » bi-plurilinguismes.

Dans les zones bilingues où les rapports se renégocient constamment entre les minorités et majorités linguistiques, la situation se complexifie pour les apprenants en situation de mobilité ou migration.

La ville de Freiburg im Uechtland, fondée au XIIe siècle se trouve au carrefour de deux grandes civilisations : latine et germanique. Mais le bilinguisme de la ville et celui du canton n'ont pas toujours cohabité de manière pacifique. Bien que la majorité ait varié selon les époques, la ville a hébergé, dès sa fondation, les deux communautés linguistiques. Dans le système scolaire fribourgeois, il existe deux collèges (secondaire II) préparant à une maturité (baccalauréat) bilingue avec une partie des matières à passer dans l'autre langue.

Toutefois, les écoles du primaire et du secondaire I ainsi que les écoles professionnelles ne sont pas bilingues. Elles sont soit francophones, soit germanophones et les élèves se regroupent entre germano-

phones minoritaires d'un côté et francophones majoritaires de l'autre, dans des écoles distinctes.

Un grand nombre de cantons a renoncé à la réciprocité des apprentissages de la langue partenaire. L'anglais devient omniprésent. Les langues de la migration n'ont pas de réelle légitimité. L'éducation bi-plurilingue semble réservée aux élites. On a plutôt affaire à du côtoiement entre monolinguismes que du bilinguisme à proprement parler.

Quelles sont les réponses institutionnelles de formation en langue pour les publics, issus de diverses migrations, qui ne sont pas considérés prioritaires dans ces rapports entre groupes linguistiques locaux en tension ?

Quelles réponses institutionnelles pour la formation

en langue des adultes?

Pour l'accueil et la formation des adultes allophones, la ville de Fribourg (capitale du Canton) compte différentes associations qui offrent des cours de français et, ou d'allemand. Il existe ainsi plusieurs institutions qui offrent des cours destinés spécifiquement aux « personnes migrantes à risques d'exclusion dans le canton », mais une bonne partie d'entre-elles limite la participation des candidats selon différents critères (permis de séjour, sexe, statut professionnel). [Croix-Rouge, 2006 : 8 et 14].

Formées par le regroupement d'étrangers ou à des fins caritatives, ces associations proposent des cours de langues qui sont financièrement assez abordables, contrairement à d'autres institutions qui ne s'adressent pas spécifiquement à un public d'étrangers (Ibid : 8). La formation est le plus souvent axée sur une seule langue et la question de l'apprentissage du dialecte suisse allemand pratiqué localement est contournée ou ignorée.

Concentrés dans la principale ville du canton, de tels dispositifs sont beaucoup moins présents dans les autres régions fri-bourgeoises, notamment dans de toutes petites villes. C'est ce qui ressort de nos recherches menées dans deux communes du canton (l'une à majorité francophone ; l'autre à majorité germanophone) : ainsi

au moment de notre enquête, pour la formation en langue du côté des adultes, la commune à majorité francophone disposait d'une association d'étrang

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