L'EPOPEE INCROYABLE DE JEANNE D'ARc
S'il y a dans le monde une histoire légendaire, dont les faits attirent toute l'humanité, c'est celle de Jeanne d'Arc, appelée la Pucelle d'Orléans. S'il existe non seulement en France, mais dans le monde entier, une figure héroïque, admirée pour ses exploits extraordinaires, c'est celle de Jeanne d'Arc. Elle a inspiré de nombreuses œuvres littéraires, cinématographiques et artistiques. Peu de personnages historiques peuvent rivaliser avec elle pour le nombre de statues, le nombre de tableaux, le nombre de places, le nombre de rues, le nombre d'institutions qui lui sont consacrés. Divers jeux de société utilisent son image (3). Beaucoup de documents sont publiés, mais les sources crédibles sont souvent divergentes ou incomplètes.
Jeanne d'Arc prophétise quatre événements: la libération d'Orléans, le sacre du roi à Reims, la libération de Paris et la libération du duc d'Orléans.
Jeanne d'Arc équestre de la place des Pyramides, par Emmanuel Frémiet à Paris (bronze doré, 1874).
Enfance
Jeanne naît le 6 janvier, dans la nuit de l'Epiphanie, à Domrémy, un petit village à la frontière entre la France et la Lorraine. Jeanne naît en pleine guerre de Cent Ans, qui oppose la France à l'Angleterre. Fille de Jacques d'Arc et d'Isabelle Romée, elle faisait partie d'une famille de cinq enfants: Jeanne, Jacques, Catherine, Jean et Pierre. Selon certaines sources, le nom de naissance de Jeanne est Darc, sa famille sera anoblie par Charles VII et changera son nom en d'Arc [4]. Ses parents sont des paysans aisés, connus de tous comme d'excellents chrétiens. Elle reçoit d'eux une bonne éducation religieuse. Depuis l'enfance, elle démontre une grande charité et compassion envers les plus pauvres, les malades et tous les souffrants. Elle grandira alors que la France sombre dans la guerre de Cent Ans.
Selon différents témoignages, à 13 ans, Jeanne a entendu les voix surnaturelles, les voix célestes des Saintes Catherine et Marguerite et de l'archange Saint Michel lui demandant d'être pieuse, de libérer le royaume de France de l'envahisseur et de conduire le dauphin sur le trône. Jeanne n'ose, d'abord, en parler à personne, mais mois après mois, année après année, les voix reviennent, insistantes... Plus tard, à seize ans, elle parle de ses voix à son oncle, Durand Laxart, qui l'escorte auprès de Robert de Baudricourt, capitaine de Vaucouleurs, forteresse voisine de Domrémy. C'est Robert de Baudricourt qui aidera Jeanne d'Arc à obtenir le rendez-vous avec Charles VII à Chinon.
La maison natale de Jeanne d'Arc à Domrémy
La maison de l'héroïne est située fort près de la paroisse du village, qui est placée sous l'invocation de saint Rémy. Dans cette église, où Jeanne est baptisée, on voit de chaque côté du maître-autel, un ange en pierre, supportant un écusson aux armes de la famille du Lys. Ces deux statues, quoique d'un travail grossier, témoignent du respect que les compatriotes de Jeanne ont conservé pour sa mémoire.
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Maison natale de Jeanne d'Arc, classée monument historique depuis la première liste en 1840
Ce n'était, en effet, qu'une maisonnette ; mais ceux qui l'ont possédée depuis la famille d'Arc, l'ont agrandie à diverses époques. La maison natale de Jeanne d'Arc est une maison bâtie au XVe siècle. Elle a été achetée en 1818 par le conseil général des Vosges et classée monument historique par la première liste de 1840. Sur la façade principale, au-dessus de la porte d'entrée, une niche a été aménagée dans laquelle a été installée en 1839 une statue de Jeanne d'Arc en armure. Cette statue a éprouvé, malheureusement, quelques accidents; l'extrémité du nez est cassée, le coin gauche de la bouche est altéré, et le bras droit est rompu près de l'épaule.
Le couronnement de la porte d'entrée est composé de deux pierres ornées de sculptures gothiques, représentant des armoiries, et chargées de deux inscriptions fort courtes; ces sculptures étaient peintes anciennement, comme le dit Montaigne; peut-être même y avait-il d'autres peintures sur les murs, mais maintenant on ne voit plus que les traces des couleurs.
La gerbe, les mots vive labeur, et l'écus-son sur lequel on voit trois socs de charrue, font allusion à la profession des parents de Jeanne d'Arc ; l'écusson de France, la date qui paraît être celle de 1481, et les mots vive le roi Loys, donnent lieu de croire que c'est sous le règne de Louis XI, et peut-être par ses ordres, que ces sculptures ont été faites, tandis que l'écusson à droite est celui qui est accordé à Jeanne d'Arc et à sa famille, par Charles VII ; par modestie, elle refuse toujours de placer sur son écu ces armoiries qui rappelaient les services éclatants qu'elle avait rendus à son roi.
Contexte historique. La France pendant la guerre de Cent Ans (1337 - 1453)
Le développement de la France est interrompu, dans les années 30 du XIVe siècle, par une guerre avec l'Angleterre qui a duré plus de cent ans. Le peuple français a traversé de pénibles épreuves : la longue occupation anglaise qui a eu pour conséquences évidentes la ruine et le dépeuplement des territoires importants, l'énorme poids des impôts, les dévastations et les guerres intérieures, intestines des féodaux français. [5, p. 173-175]
Le conflit qui oppose la France des Valois à l'Angleterre des Plantagenêts puis la maison de Lancastre. La France à l'époque de Jeanne d'Arc est en piteux état.
Carte de la France, guerre de Cents Ans, 1429
La guerre de Cent Ans constitue, pour l'essentiel, une lutte pour la possession des territoires sud-ouest qui étaient longtemps restés aux mains des souverains anglais. Au-delà des luttes féodales, et même si son prétexte est dynastique, la guerre de Cent Ans est en réalité l'expression du premier grand conflit de deux Etats souverains. De 1337 à 1453, la rivalité entre les royaumes de France et d'Angleterre, vieille de plus de deux siècles, se manifeste par une série de guerres entrecoupées des périodes de paix relative. Coupée par une longue période de trêves (1388 - 1411), la guerre de Cent Ans se divise, en réalité, en deux temps essentiels (1338 - 1388 et 1411 - 1453), au cours desquels la marée
anglaise, après un premier flux victorieux (1338 - 1360 et 1411 - 1435), connaît un reflux presque total, et dont le second s'avère décisif (1360 - 1388 et 1435 -1453).
A partir des années 50 du XIVme siècle, le sud-ouest (le territoire de l'ancienne Aquitaine) et la Normandie deviennent le théâtre des actions militaires. Les Anglais sont soutenus par les Bourguignons et ont, comme alliés, les féodaux locaux et les villes qui ne sont pas encore sous la dépendance des souverains français. Ces régions et, tout particulièrement, la Guyenne (partie occidentale de l'ancienne Aquitaine) ont des relations étroites avec l'Angleterre, à qui elles vendent du vin, de l'acier, du sel, des fruits, des noix et des matières tinctoriales. La richesse des grandes villes comme Bordeaux et La Rochelle se fondait en majeure partie sur ce commerce très avantageux pour elles. [5, p. 173]
Donc, les Français sont divisés en deux camps dans les années 50 du XIVe siècle [7, p. 117-118]:
Les Bourguignons contrôlent Paris. Leur chef, le puissant duc de Bourgogne Philippe le Bon, a choisi l'alliance avec l'Angleterre. Celle-ci a envahi, comme nous l'avons déjà mentionné, la Normandie et tout le nord de la France, elle détient aussi le duché de Guyenne.
- Les Armagnacs ont pour chef le duc Charles d'Orléans qui a été capturé par les Anglais et qui a été détenu par eux pendant 25 ans. Ce parti soutient le dauphin Charles qui a été déshérité. Globalement, celui que les Bourguignons appelaient avec mépris le roi de Bourges*, n'avait autorité que sur un quart sud-ouest de la France, la Guyenne exceptée. La tête de pont, la porte d'entrée vers le sud-ouest était Orléans. En mettant le siège devant la ville, les Anglais ont l'intention d'en finir avec le dauphin car une fois ce dernier passage sur la Loire enlevé, il n'y a plus d'obstacle
* Bourges - chef-lieu du département du Cher, à 226 km au sud de Paris ; réunie au domaine royal au XIIe s., la ville devint la résidence du « roi de Bourges » (Charles VII) et le centre de la résistance aux Anglais à la fin de la guerre de Cent Ans. Elle s'enrichit au temps de Jacques Cœur.
jusqu'à Bourges. C'est dire si la situation était désespérée.
Le 17 juillet 1453, l'armée française de Charles VII remporte une victoire décisive sur les Anglais dans le village girondin de Castillon. Cette bataille marque la fin de la Guerre de Cent Ans car à l'issue des combats les Anglais renoncent à s'emparer du trône de France. Elle met aussi un terme définitif à la présence anglaise en Guyenne. La reconquête de la région aquitaine sera complète quand le roi de France s'emparera de Bordeaux le 19 octobre. Les Anglais seront alors définitivement boutés hors du royaume.
Pendant la guerre de Cent Ans, Calais** est prise par les Anglais en 1347. La ville est sauvée par le dévouement d'Eustache de Saint-Pierre et de cinq bourgeois, qui se livrent à Edouard III (ils inspirent à Rodin le groupe en bronze des Bourgeois de Calais).
Bourgeois de Calais par Auguste Rodin
La ville est définitivement restituée à la France en 1598.
L'arrivée de Jeanne d'Arc a grandement influencé le déroulement de la guerre de Cent Ans, particulièrement vers sa fin. En effet, Jeanne a permis au roi Charles VII de retrouver sa couronne et, grâce à elle, les Anglais se voient infliger plusieurs défaites.
** Calais - chef-lieu d'arrondissement du Pas-de-Calais, sur le pas de Calais. Le vieux Calais est détruit pendant la Seconde Guerre mondiale.
Le parcours de Jeanne d'Arc
1428
Mai : Jeanne se rend à Vaucouleurs pour demander à Robert de Baudricourt de l'envoyer chez le dauphin. Elle est d'abord sèchement éconduite.
Juillet : le village Domrémy est incendié et pillé. La famille de Jeanne se réfugie à Neufchâteau.
Octobre
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