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LE REGNE D'ALEXANDRE Ier

(1777-1825)

Le fils aîné de Paul Ier n'avait pas le sangfroid et les nerfs solides de sa grand-mère Catherine : lorsque Pahlen vint lui annoncer la mort de son père, il perdit connaissance, puis, reprenant ses sens, se livra à une crise de désespoir. Si bien que Pahlen dut lui dire : « Assez d'enfantillages, allez régner. »

La nation accueillit la mort de Paul avec un soupir de soulagement, l'avènement d'Alexandre avec une explosion de joie. Après tant de femmes, d'enfants et de fous, la Russie avait enfin un vrai tsar. De haute taille, beau de sa personne, le regard clair et souriant, ce jeune homme de vingt-trois ans inspirait d'emblée la sympathie. Il la méritait par sa bienveillance, mais il la décevait souvent par sa versalité et par une certaine duplicité de caractère.

La grande Catherine s'intéressa personnellement à l'éducation d'Alexandre, qui fut placée sous le signe de la philosophie des Lumières. Un éminent philosophe suisse, qui était aussi un libéral, Frédéric-César Laharpe, fut le précepteur en chef du grand-duc, et devint son ami intime. Pourtant, l'enseignement de Laharpe, plein d'idées progressistes et de sentiments humanistes, n'était pas sans inconvénients. Laharpe, « ce livre ambulant aux idées libérales et d'une grande loquacité », selon la description de Klioutchevski, n'avait,

pas plus que son enseignement, aucun rapport avec les réalités russes. Le contraste entre la théorie et la pratique, si caractéristique du règne d'Alexandre, remonterait, selon certains historiens, à cette éducation unilatérale.

Comme Elisabeth Pétrovna, Alexandre n'avait pas assez de volonté et de constance pour appliquer ses principes humanitaires. Il lui fallait un homme énergique pour prendre en main l'œuvre des réformes. Il le trouva en la personne de Spéranski, fils d'un pauvre prêtre de village. Modeste et travailleur, il avait gravi rapidement les échelons de la hiérarchie civile. Arrivé au poste de secrétaire d'État, il gagna la confiance du tsar qui, à partir de 1806, lui confia la gérance des affaires publiques, y compris celles de politique extérieure.

Spéranski était partisan des idées françaises et il admirait le Code civil de Napoléon. D'une intelligence vaste, encore qu'un peu théorique, il était à la fois administrateur, financier et juriste. C'est cette dernière qualité qui l'emportait et qui inspira son plan de réforme de l'État. Dans son Introduction au Code des Lois, il proposa de diviser la population russe en trois groupes - noblesse, classe moyenne, peuple travailleur - les nobles possédant des « droits politiques », des « droits civils communs » et des «droits civils particuliers », les membres du second groupe des « droits civils communs » et, s'ils étaient propriétaires, des « droits politiques », les travailleurs ne jouissant que de la dernière catégorie de droits. Le système condamnait implicitement le servage, en obligeant les seigneurs à gouverner leurs paysans « conformément à la loi ». Les propriétaires élisaient une Douma de gouvernement, celle-ci nommant des députés à une Douma d'État, institution législative de l'empire, sans toutefois que cet organe pût attenter aux prérogatives du pouvoir autocratique. En somme, Spéranski préconisait un régime analogue à celui que Napoléon avait instauré en France, soit à un absolutisme revêtu des formes de la légalité.

Cette réforme, toutefois, parut encore trop hardie à l'esprit hésitant d'Alexandre. Il se contenta de créer l'organe que le système de Spéranski plaçait à la tête du pouvoir législatif. Ce fut le Conseil d'Empire, qui existait depuis 1802, mais qui, réorganisé, était maintenant chargé d'examiner les lois nouvelles, les mesures extraordinaires, les rapports des ministres. Ce parlement de fonctionnaires, inauguré le 1er janvier 1810, eut pour secrétaire

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celui qui l'avait préconisé et qui devenait ainsi le second personnage de l'État. Mais, au fond, quelle déception pour lui !

La tentative faite par Spéranski pour créer un droit indépendant et intangible se heurtait, comme toutes celles qui furent faites avant et après lui, à la pratique d'un absolutisme traditionnel.

Spéranski réorganisa également les ministères, et créa deux services nouveaux dépendant du gouvernement, l'un chargé de contrôler les finances de l'État, l'autre de développer les transports. On institua le budget annuel, et d'autres mesures financières furent proposées, et en partie adoptées. Chose plus importante encore, peut-être, Spéranski rendit à la bureaucratie russe un service inestimable, en créant une sorte d'examen d'entrée dans la fonction publique, et en encourageant, de différentes manières, le mérite et l'efficacité.

En 1809 et dans les années suivantes, Alexandre Ier ne donna aucune suite au projet de Spéranski. Celui-ci fut disgracié en l8l2, à cause de l'opposition que rencontraient, au sein de la bureaucratie et de la noblesse, les mesures administratives et financières qu'il avait prises ou qu'il envisageait, à cause des craintes, des soupçons, des hésitations de l'empereur, à cause enfin de la rupture avec Napoléon, car Spéranski était taxé de francophilie. Plus tard, Spéranski devait retrouver un emploi public et accomplir des tâches importantes et utiles ; mais il n'eut plus jamais l'occasion d'élaborer des projets de réforme aussi ambitieux et aussi radicaux que celui de 1809.

Au début du règne d'Alexandre Ier, les intentions pacifiques l'emportent. Le nouvel empereur succède à Paul Ier, qui avait d'abord combattu la France, puis s'était allié à elle contre la Grande-Bretagne ; aussi commence-t-il par affirmer sa neutralité. Mais la Russie ne pouvait rester longtemps à l'écart des conflits qui faisaient rage en Europe. Différents facteurs, notamment la longue frontière occidentale, très vulnérable, de l'empire, l'intérêt que portaient le gouvernement russe et le public éclairé aux affaires européennes, l'amenèrent bientôt à prendre part à la lutte. Alexandre Ier se rangea dans le camp des adversaires de la France, ce qui n'avait rien de surprenant. Les liens économiques avec la Grande-Bretagne avaient joué, ainsi que l'amitié traditionnelle avec l'Autriche et la Grande-Bretagne, et la

non moins traditionnelle hostilité envers la France. En outre, Alexandre Ier semble en être arrivé assez vite à la conclusion que Napoléon représentait une menace pour l'Europe, et cela d'autant plus que le souverain russe avait ses propres conceptions au sujet d'un nouvel ordre européen. Une esquisse de la future Sainte-Alliance et du concert européen figure déjà, mais sans coloration religieuse, dans les instructions données en 1804 au plénipotentiaire russe en Grande-Bretagne.

La guerre de la troisième coalition éclata en 1805, lorsque l'Autriche, la Russie et la Suède se joignirent à la Grande-Bretagne contre la France et son alliée, l'Espagne. L'armée austro-russe subit une défaite écrasante devant Napoléon, le 2 décembre 1805, à Austerlitz. L'Autriche était hors de combat, mais les Russes commandés par les Allemands Buxhoewden et Bennigsen, celui même qui avait participé à l'assassinat de Paul Ier, continuaient la lutte, et furent rejoints en 1806 par un nouvel allié, la Prusse. Le 25 juin 1807 Alexandre rencontre Napoléon à Tilsit, sur un radeau amarré au milieu du Niémen, frontière de ses Érars. Il en résulta le traité d'alliance qui reconnaissait les conquêtes de Napoléon et qui promettait à la Russie l'aide de la France contre la Turquie.

Les traités de Tilsit entre la France et la Russie d'une part, la France et la Prusse d'autre part, mirent fin à la guerre au début de juillet 1807. La Prusse devenait une puissance de second ordre, que seule l'insistance du souverain russe avait sauvée de la destruction totale. Il en allait tout autrement des accords franco-russes : certes, Alexandre Ier dut s'acco-moder de la nouvelle carte d'Europe tracée par Napoléon, et fut même obligé de le soutenir, y compris contre la Grande- Bretagne ; mais la Russie exerçait désormais son hégémonisme sur une grande partie de l'Europe orientale, et restait, face à la France, la seule autre grande puissance du continent.

L'accord temporaire avec la France permit aux Russes de combattre plusieurs autres adversaires, et d'étendre les frontières de l'empire dans la première moitié du règne d'Alexandre. En 1801, la partie orientale de la Géorgie, ancien royaume orthodoxe de Transcaucasie, fut réunie à l'empire russe, et la domination russe fut étendue à la Géorgie occidentale entre 1803 et 1810. Serrés de près par leurs puissants voisins musulmans, les

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Persans et les Turcs, les Géorgiens avaient demandé à plusieurs reprises et obtenu à l'occasion, l'aide de Russes. L'annexion de la Géorgie représentait en ce sens l'aboutissement d'un long processus et une solution logique, bien que nullement idéale, pour la petite nation chrétienne. Elle marquait également l'établissement durable de la puissance russe au-delà de la grande chaîne de montagnes du Caucase. Comme prévu, l'annexion de la Géorgie entraîna une guerre avec la Perse, qui dura de 1804 à 1813. Les Russes en sortirent victorieux ; par le traité de Gulistan, la Perse dut reconnaître la souveraineté russe sur la Géorgie, et céder à sa voisine du nord les régions du Daghestan et de Chemakha dans le Caucase. L'annexion de la Géorgie fut également l'une des causes de la guerre russo-turque, de 1806 à 1812. De nouveau, les troupes russes, commandées cette fois par Koutouzov, remportèrent de nombreuses victoires. Le traité de Bucarest, signé à la hâte par Koutouzov, à la veille de l'invasion de la Russie par Napoléon, ajoutait la Bessarabie et une bande de territoire sur la côte orientale de la mer Noire à l'empire des Romanov, et donnait à la Russie des droits considérables dans les principautés danubiennes de Moldavie et de Valachie. Enfin, en 1808-1809, Alexandre Ier fit la guerre à la Suède ; celle-ci fut vaincue, et le traité de Frederikshamn donna la Fi

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