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LE REGNE

D'ALEXANDRE II

(1818-1881)

À la mort de Nicolas Ier, comme après l'assassinat de Paul Ier, la Russie respira. De même que le despotisme capricieux de celui-ci avait exaspéré la noblesse de la Cour, de même la tyrannie méthodique et méticuleuse de celui-là avait lourdement pesé sur cette fraction libérale de la nation dont l'effectif augmentait de jour en jour. Maintenant comme alors, le nouveau tsar se nommait Alexandre et il montait sur le trône chargé de tous les espoirs du pays.

Né en 1818, Alexandre Nikolaïévitch avait, dès sa naissance, paru appelé à gouverner un jour la Russie. Son oncle Alexandre

Pavlovitch, alors régnant, n'avait pas d'enfants, son oncle Constantin Pavlovitch semblait avoir renoncé à ses droits, son père Nicolas Pavlovitch était considéré comme l'héritier présomptif et lui-même comme l'héritier naturel. Aussi reçut-il une éducation parfaite. Il eut d'abord comme précepteur le capitaine Mœrder, auquel il s'attacha tendrement, puis il fut confié au poète Joukovski, le traducteur des classiques grecs et des romantiques allemands, homme de vaste culture et de sentiments élevés. Joukovski sut inspirer à son élève un patriotisme éclairé et l'ardent souci du bien public, sans laisser, toutefois, ce jeune esprit se perdre dans l'utopie d'un « républicanisme » inapplicable à la Russie. Aidé d'excellents professeurs, parmi lesquels on compta l'illustre Spéranski, Joukovski sut combattre l'influence du caporalisme en honneur, à la Cour : Nicolas Ier n'avait-il pas répété à Mœrder que son fils devait, avant tout, être « militaire dans l'âme » ?

Le grand-duc héritier compléta ses études par des voyages à travers la Russie et la Sibérie, ainsi qu'à l'étranger. À vingt-trois ans, il épousa une princesse de HesseDarmstadt. Puis, au cours des dix dernières années du règne de Nicolas Ier, il collabora étroitement à la direction des affaires de l'État. Il semblait ainsi parfaitement préparé à porter le « lourd fardeau » que son père - c'étaient ses propres termes - lui laissait en mourant.

Comme Alexandre Ier, Alexandre II était doux de nature, intelligent, d'esprit tolérant, et plein de bonnes intentions. De plus, il avait de la suite dans les idées et, s'il manqua l'énergie indomptable d'un Pierre le Grand, il travailla avec plus de bonheur que lui à la régénération de son pays.

En montant sur le trône, le nouveau souverain avait proclamé qu'il entendait continuer, à l'intérieur comme à l'extérieur, la politique de son père. Ce n'étaient là que des mots : à l'extérieur, en effet, il lui fallait liquider au plus vite la malencontreuse guerre de Crimée et, à l'intérieur, remédier aux défauts du régime, défauts que cette guerre même avait étalés au grand jour. Sans parler officiellement encore de « réformes », Alexandre II lâcha peu à peu la bride à la presse, aux universités, à l'opinion publique. C'était comme le premier printemps de la li-

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berté : on crut en avoir la confirmation lorsque, le 19 mars 1856, un manifeste annonça la conclusion de la paix avec les Alliés et, en même temps, fit allusion à la nécessité d'une rénovation intérieure. On l'eut en effet quelques jours après, lorsque, recevant à Moscou les représentants de la noblesse locale, l'empereur leur déclara qu'il ne lui paraissait plus possible de conserver indéfiniment un régime qui comportait la « propriété sur les âmes ». C'était annoncer la suppression du servage, le plus odieux des maux dont souffrait la Russie. Mais le nouveau souverain procéda avec la prudence que lui commandait, sur ce terrain dangereux, l'expérience de ses prédécesseurs. En recevant la noblesse de Moscou, il avait eu soin de spécifier qu'il n'entendait point supprimer le servage par une mesure « immédiate », il avait simplement invité ses auditeurs à « réfléchir aux moyens propres à préparer cette mesure ». Et il dut se contenter de créer, en janvier 1857, un « comité secret pour l'amélioration de la situation des paysans. » En 1858 le comité « secret » fut transformé en comité « central » présidé par le tsar lui-même, et qui examina les projets présentés par les divers comités provinciaux. Puis, en 1859, une commission de rédaction présidée par Jacques Rostovtsev, une des figures clés de l'émancipation, et dont les membres les plus en vue étaient Milioutine, Iouri Samarine et le prince Tcherkasski, adopta un projet de règlement définitif et général. Le projet fut ensuite soumis au comité central, puis au Conseil de l'Empire et, enfin, le 19 février 1861, jour du sixième anniversaire de son avènement, Alexandre II signa le manifeste annonçant à son peuple la grande nouvelle.

L'acte du 19 février accordait la liberté personnelle à quarante-sept millions de paysans, dont vingt-et-un, appartenant aux pomiéchtchiki, étaient pratiquement des esclaves, et, vingt, dépendant de la Couronne, des serfs proprement dits, le reste de cette masse humaine comprenait des artisans, des ouvriers d'usine ou des gens faisant partie de la domesticité des seigneurs. Mais - point important - cette liberté personnelle ne fut pas complétée par la propriété individuelle. Les paysans obtenaient, il est vrai, gratuitement, la propriété de leur maison et de leur enclos (dvor, «cour»), mais les terres arables

qui étaient concédées aux nouvelles « communautés rurales » n'étaient pas distribuées en toute propriété collective du mir, l'assemblée des paysans qui, périodiquement, devait répartir les champs entre les feux du village et qui, vis-à-vis de l'État, était responsable du versement des impôts de chacun de ses membres.

Ce fut le grand défaut de la réforme. L'ancien serf, en effet, ne devenait pas un propriétaire véritable, un homme libre de disposer de ses biens à son gré, il n'était qu'un usufruitier. Il avait échappé à l'autorité des seigneurs, mais il restait sous la tutelle du mir. Si le pouvoir central avait hésité devant une mesure qui aurait placé le moujik sur le même pied que le paysan d'Occident, c'était surtout en vertu de la vieille théorie slavophile encore en faveur dans les milieux gouvernementaux: le peuple russe, en demeurant fidèle à cet instinct communautaire qui avait créé le mir paysan et l'artèle ouvrière, devait échapper aux séductions du socialisme occidental, car, restant de force attaché à la terre, il ne s'en irait pas grossir dans les villes les effectifs d'un prolétariat « déraciné ». Étrange erreur d'un nationalisme mal compris : par crainte de créer quelques vrais prolétaires, on créait un peuple immense de demi-prolétaires. Non seulement on ne put, au fur et à mesure que la Russie s'industrialisait, éviter la formation d'une classe ouvrière qui devait constituer l'avant-garde de la révolution sociale, mais encore on préparait, pour cette même révolution, des dizaines de millions de sympathisants.

Si les conséquences lointaines de la réforme de 1861 furent néfastes pour le régime, ses suites immédiates s'avérèrent également peu heureuses. La réforme n'avait, en somme, satisfait personne.

Les radicaux russes furent déçus par la réforme, qu'ils jugeaient insuffisante ; les paysans ne furent pas satisfaits non plus, ou tout au moins une grande partie d'entre eux : l'abolition du servage fut suivie par une éruption de violences agraires, et la détresse, le désespoir, la colère des campagnes restèrent une menace redoutable pour le pouvoir impérial, jusqu'à l'extrême fin de celui-ci.

La libération des serfs facilitait la mise en œuvre d'autres réformes fondamentales. Alexandre II et ses collaborateurs s'attaquèrent d'abord à l'administration locale,

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qui était, depuis des siècles, le talon d'Achille du gouvernement et de la société russes, et instituèrent le système dit des zemstva. À l'avènement du « tsar libérateur », la législation en vigueur était encore celle de Catherine II ; l'administration était aux mains de la bureaucratie, avec une certaine participation de la noblesse locale. Par ailleurs, la juridiction seigneuriale, fort étendue, des propriétaires dans le cadre de leur domaine était une autre caractéristique essentielle de la campagne russe avant les réformes. La nouvelle loi, promulguée en 1864, représentait un gros effort de modernisation et de démocratisation ; en même temps, l'État s'efforçait de satisfaire les besoins les plus urgents de la Russie rurale, en stimulant l'initiative et l'activité locale. Les institutions de self-gouvernement, les assemblées de zemstvo et leurs bureaux étaient créés à deux niveaux : celui du district (ouiezd) et celui de la province (gou-bernia). Le mot zemstvo signifie le territoire, le pays, ou le peuple, par opposition au gouvernement central. Les assemblées de zem-stvo du district étaient élues par trois catégories de votants : les villes, les communautés paysannes, et tous les propriétaires fonciers individuels, même routiers. La représentation était proportionnelle aux dimensions de la propriété foncière, mais on tenait compte, dans une certaine mesure, des biens immobiliers en ville. Le suffrage était indirect. Les membres des assemblées de district, à leur tour, élisaient parmi eux, sans distinction de catégorie, leurs représentants à l'assemblée de la province. Les assemblées de district et de province, qui étaient la source de l'autorité dans leur circonscription, ne se réunissaient qu'une fois par an, pour adopter le budget, et la politique à suivre, dans ses grandes lignes ; elles élisaient des bureaux de zemstvo, qui étaient permanents, et faisaient fonction d'organe exécutif, avec sous leurs ordres un personnel salarié. Un grand nombre de questions d'intérêt local entraient dans les attributions des zemstva : l'instruction publique, la santé, la médecine vétérinaire, les assurances, les ponts et chaussées, l'organisation de réserves alimentaires pour les cas de disette, et bien d'autres.

De toutes les innovations d'Alexandre II, le zemstvo fut sans conteste le mieux venue et

la plus utile. La réforme constituait un énorme pas en avant vers la démocratie,

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