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LE REGNE DE NICOLAS Ier

(1796-1855)

Que ce fût en tant qu'homme, ou en tant que monarque, Nicolas 1er n'avait pas grand-chose en commun avec son frère Alexandre Ier. Comparé à celui d'Alexandre Ier, tout nuances et contradictions, le caractère de Nicolas Ier apparaît comme un bloc sans fissure. Par suite des mariages allemands de leurs ascendants, les deux frères n'avaient plus qu'un seizième de sang russe dans les veines, sang dont il semble qu'on ne trouve aucune trace en Nicolas. Il est, comme un Prussien, sans faiblesse et sans fantaisie. Né en 1796, de 19 ans le cadet d'Alexandre, Nicolas fut élevé, non pas, comme son frère, dans l'esprit de la philosophie des Lumières à son déclin, mais dans une atmosphère de réaction et de guerre incessantes contre Napoléon. Grand et beau comme Alexandre, s'il n'avait pas son sourire charmant, il avait par contre un regard plein de fermeté et de droiture. Après avoir épousé une princesse prussienne, il noua des liens particulièrement étroits avec la famille de sa femme.

Nicolas avait une haute idée des devoirs de sa charge et il les remplissait avec une inlassable assiduité. Sanglé du matin au soir dans son uniforme, il semblait toujours en « service commandé », mais son activité, d'apparence toute militaire, n'était nullement mécanique. Il désirait sincèrement le bien de son peuple et, si ses efforts en ce sens n'aboutirent guère, la faute en fut moins à son incompréhension qu'à la crainte qu'il avait de voir la contagion révolutionnaire franchir les limites de ses États. Cette crainte paralysa ses bonnes intentions et l'obligea à gouverner suivant les principes de ce qu'on appelle « le tsarisme à la prussienne ». Le marquis de Custine écrivait dans son ouvrage La Russie en 1839 : « ... le gouvernement russe, c'est la discipline du camp substituée à l'ordre de la cité, c'est l'état de siège devenu l'état normal de la société. » L'insurrection décembriste, au tout début du règne de Nicolas Ier, n'avait pu que durcir encore les idées du nouvel empereur, et sa volonté inflexible de combattre la révolution jusqu'au bout. Elle l'amena aussi, sans aucun doute, à se méfier de la noblesse, comme d'ailleurs de toute manifestation d'indépendance ou d'initiative de la part de ses sujets, quels qu'ils fussent. De façon tout à fait typique, Nicolas Ier s'intéressa personnellement aux moindres détails concernant l'arrestation, les interrogatoires, le jugement et le châtiment des Décembristes ; jusqu'à la fin de son règne, le danger de subversion allait rester une préoccupation constante du monarque. Le nouveau régime fut avant tout militaire et bureaucratique. L'empereur s'entoura de militaires, au point que vers la fin de son règne, il n'y avait presque plus de civils parmi ses collaborateurs immédiats. La machine gouvernementale tout entière fut de plus en plus imprégnée de l'état d'esprit militaire : consignes impératives, obéissance aveugle, précision - à en croire du moins les rapports officiels et les apparences. En réalité, la discipline, le fonctionnement impeccable de l'administration n'étaient qu'une mince façade ; derrière, régnaient le désordre et la confusion.

^Pour tout ce qui touchait aux affaires de l'État, Nicolas Ier évitait souvent les procédures régulières, trop lentes à son gré ; il n'aimait ni les délibérations, ni les consultations. Sous son règne, le conseil des ministres, le Conseil d'État, le Sénat perdirent de leur

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importance. Plutôt que d'avoir recours à eux, l'empereur préférait de plus en plus s'en remettre à des dispositifs bureaucratiques spéciaux, conçus pour mettre rapidement en œuvre ses intentions, tout en restant sous son contrôle immédiat et total. Une de ses méthodes favorites était de constituer des comités ad hoc1, qui ne faisaient pas partie de l'appareil normal de l'État. Leurs membres étaient en général choisis parmi les collaborateurs les plus proches de l'empereur, et, comme ils étaient très peu nombreux, ce sont les mêmes hommes qu'on retrouve, à travers des combinaisons différentes, pendant tout le règne de Nicolas. Les travaux de ces comités étaient menés dans le plus grand secret, ce qui ajoutait encore à la confusion et à la complexité d'une administration impériale déjà trop pesante. Pour l'empereur l'essentiel, comme dans la construction des forteresses, était la défense : tenir bon face à l'ennemi et l'empêcher de percer. Nicolas lui-même travaillait infatigablement au renforcement des remparts. Il se donnait beaucoup de mal pour suivre, dans le détail, la marche de l'énorme et complexe machine du gouvernement. Il faisait lui-même des tournées d'inspection dans le pays, se précipitait pour remédier d'urgence à toutes sortes de difficultés, épidémies de choléra, émeutes, mutineries dans les colonies militaires, et prenait tout particulièrement soin de l'armée. Bien plus, et par-delà même les nécessités de la défense, il voulait rester fidèle au principe sacré de l'autocratie, être pour son peuple un véritable père, qui prend à cœur la vie de tous les jours, les espoirs et les craintes de ses enfants.

LA POLITIQUE INTÉRIEURE

En politique intérieure, le règne de Nicolas Ier peut, comme celui d'Alexandre, mais d'une façon certes moins tranchée se diviser en deux parties. Au début, sinon animé de projets aussi vastes que ceux de son frère, tout au moins d'octroyer à son peuple un régime de droit, il écarte du pouvoir Araktchéiev, il donne la présidence du Conseil d'Empire au prince Kotchoubei, qui avait été un des «jeunes confidents » d'Alexandre, il rappelle Spéranski qui, à la fin du règne précédent, était déjà rentré en demi-grâce et avait été

1 ad hoc (лат.) для данного случая, для этой цели

nommé gouverneur de la Sibérie. Il crée une commision secrète, dite « Comité du 6 décembre 1826 », qu'il charge d'examiner « la situation actuelle de toutes les parties de l'administration de l'État. » Après un travail long et minutieux cette commission établit un projet de réorganisation des institutions centrales et régionales, ainsi que le texte d'une loi améliorant la condition paysanne. Cette loi fut approuvée par le Conseil d'Empire et acceptée par le tsar, malgré la résistance de son entourage ; son frère aîné Constantin le traitait de « jacobin » et son frère cadet Michel déclarait que les réformes proposées étaient des « éléments tout prêts de révolution ». Sur ces entrefaites, les journées de juillet 1830 vinrent renverser en France la dynastie légitime. Nicolas Ier prit peur, comme sa grand-mère en 1789. Une fois de plus, la France conquérant la liberté, en retardait l'avènement en Russie. Une terrible émeute ayant éclaté en 1831 dans les «colonies militaires » de la région de Novgorod, le tsar déclara : « Paris, ce nid de malfaiteurs, a déversé son poison dans toute l'Europe. »

Nicolas continuait à répéter qu'il ne voulait pas mourir avant d'avoir affranchi les serfs ; il montrait une armoire de son cabinet en disant : « II y a ici des documents qui me permettent de faire le procès de l'esclavage. » En plein XIXе siècle, et bien que le tsar eût, au début de son règne, recommandé aux seigneurs de traiter leurs paysans « chrétiennement », le servage continuait à être un véritable esclavage. Personnellement, Nicolas Ier le condamnait. En 1842, devant le Conseil d'État, il déclara : « II n'y a aucun doute que le servage, tel qu'il existe aujourd'hui dans notre pays, est un mal, palpable et évident pour tous. Mais y toucher actuellement serait un mal encore plus désastreux. La révolte de Pougatchev a montré jusqu'où pouvait aller la fureur populaire. »

Résolu à préserver l'autocratie, craignant d'abolir le servage, se méfiant de toute initiative indépendante et de toute participation de la population aux affaires, l'empereur, comme son entourage, était incapable de réaliser dans son pays les réformes fondamentales dont le besoin se fait tant sentir. En pratique, comme en théorie, ils regardaient en arrière, non devant eux. Il y eut cependant une évolution significative dans certains domaines où le changement ne risquait pas

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d'affecter l'ordre politique, social, économique de l'Empire russe. Parmi les mesures les plus importantes, il faut citer la codification des lois et une profonde réforme de la condition des paysans d'État. Le nouveau code, élaboré à la fin des années 1820 et au début des années 1830, fut le fruit d'un immense travail, entrepris par Spéranski et ses collaborateurs ; malgré ses défauts, c'était une réalisation grandiose, et un tournant dans l'histoire du droit russe. En janvier 1835, il remplaça l'ancien Oulojénié du tsar Alexis, qui datait de 1649, et il resta en vigueur jusqu'en 1917.

La réorganisation des paysans d'État survint quelques années plus tard, lorsque le comte Paul Kissélev fut mis à la tête du nouveau ministère des Domaines de l'État, en 1837. La réforme de Kissélev remplaçait l'impôt par tête par un impôt foncier, prévoyait des dotations de terre supplémentaires pour les paysans pauvres, et autorisait, dans une certaine mesure, l'auto-administration paysanne ; elle favorisait le développement, dans les villages, de l'assistance financière et médicale, ainsi que de l'instruction.

En matière administrative, Nicolas Ier innova en créant une « Chancellerie personnelle de Sa Majesté », divisée en quatre sections : la première recevait les requêtes adressées au nom de l'empereur et y répondait suivant ses indications ; la seconde avait mission de codifier la législation ; la troisième, qui succédait à l'ancienne Chancellerie secrète et dont le nom devint tristement célèbre, était chargée de police politique ; la quatrième, enfin, contrôlait les institutions d'éducation et de bienfaisance dites, en souvenir de l'épouse de Paul Ier, « fondations de l'impératrice Marie. » Quant à la police ordinaire, elle fut doublée par le « corps de gendarme », organe qui devint tout-puissant dans l'État sous la direction de son chef Benckendorff, un des familiers de l'empereur.

Dési

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