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ALEXANDRE -CESAR - LEOPOLD -GEORGES BIZET
(1838-1875)
Georges Bizet est sûrement un des plus célèbres musiciens français. La popularité de ses œuvres dramatiques Les Pêcheurs de perles (1863), la Jolie Fille de Perth (1867), l'Arlésienne (1872) et surtout de Carmen (1875), un des opéras les plus joués au monde actuellement, le prouve incontestablement.
Georges Bizet, né dans une famille de musiciens (son père est professeur de chant ; sa mère, Aimée Delsarte, pianiste ; son oncle, François Delsarte, chanteur) a pour premiers maîtres ses parents. À l'âge de 9 ans, il entre au Conservatoire de Paris. Il est un excellent élève doué de remarquables capacités en composition. Sa mémoire musicale et son oreille ravissent ses maîtres : Marmontel (piano), Halévy (composition), Zimmermann (harmonie). Au Conservatoire Bizet travaille aussi avec Charles Gounod, qui éprouve pour lui une vive sympathie.
Il remporte successivement des premiers prix de solfège, piano, fugue et orgue. Dès l'âge de 12 ans, il commence à se produire comme pianiste : il émerveille Berlioz et Liszt par la facilité de sa lecture et la sûreté de son jeu. Enfin, à la sortie du Conservatoire en 1857, Bizet remporte le premier Grand Prix de Rome et part en Italie pour 3 ans. Il est déjà l'auteur de plusieurs compositions, dont une opérette, le Docteur Miracle, donnée aux Bouffes-Parisiens, et une belle Symphonie en ut majeur (elle sera découverte par hasard et jouée pour la première fois en 1935), un opéra-comique, Don Procopio. À Rome, à la Villa Médicis, sa joie de vivre, son amicale franchise et son talent de musicien le rendent très populaire.
Revenu à Paris, il connaît une situation matérielle précaire et, pour gagner sa vie, est obligé de donner des leçons de musique, de
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corriger les compositions créées par d'autres musiciens, d'entreprendre la transcription pour le piano de quantité de morceaux célèbres.
En juin 1869 il se marie avec Geneviève Halévy, la fille de son ancien maître ; elle lui donne un enfant, Jacques, littérateur (1872-1922).
La carrière de G. Bizet n'est pas ce qu'elle promettait d'être : par indécision et souci de perfection, il abandonne fréquemment ce qu'il a entrepris ; et ce que livre au public ce musicien de théâtre accompli est généralement mal reçu. À l'exception de la Jolie Fille de Perth (écrite d'après le roman de W. Scott), bien exécutée et très favorablement accueillie, les œuvres maîtresses de Bizet ne rencontrent d'abord qu'indifférence et hostilité chez le plus grand nombre de spectateurs et de ses critiques : ils sont déroutés par l'originalité de l'inspiration mélodique, la richesse des parties d'orchestre, le réalisme de l'expression dramatique. Les Pêcheurs de perles (1863) au sujet oriental, très à la mode à cette époque (l'action se passe à Ceylan) sont reçus froidement, tant par le public que par les critiques, à l'exception de Berlioz et quelques autres. Même réaction pour l'opéra en un acte Djamileh (1872) (basée sur un poème d'Alfred de Musset), qui est jugée incompréhensible. La musique pour l'Arlésienne de Daudet, pièce de théâtre où la musique joue un rôle important, splendide partition ensoleillée, est aussi peu appréciée. Il est à noter que l'Arlésienne est un mélodrame, œuvre à la fois symphonique et dramatique. La musique de Bizet a survécu à la pièce.
Quant à Carmen, ce chef-d'œuvre, tout a été dit sur les circonstances lamentables de sa première représentation : répétitions plusieurs fois interrompues par mille difficultés (Bizet, découragé, se met à fréquenter, incognito, la classe de composition de Franck), mise en scène et figuration médiocres, hostilité systématique
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de quelques adversaires résolus... Ni le public bien-pensant de l'Opéra-Comique, ni la presse ne sont certes préparés à pareil spectacle. Cependant, le premier acte soulève l'enthousiasme, plusieurs critiques (dont Th. de Banville) furent très élogieux et beaucoup de musiciens (dont V. d'Indy) furent émerveillés. Il est donc injuste d'exagérer l'échec de Carmen en lui attribuant la mort du compositeur. Celui-ci souffre depuis quinze ans d'une pénible affection de la gorge (sans doute de nature cancéreuse), qui provoque des troubles vocaux et auditifs accompagnés d'étouffements. Il meurt d'une crise cardiaque dans la nuit du 2 au 3 juin 1875, peu après que le rideau se soit baissé sur la 33e représentation de Carmen. Son enterrement a lieu au Père-Lachaise où Gounod fait l'éloge du défunt.
Outre une douzaine d'œuvres dramatiques, Bizet est l'auteur de compositions chorales, de pièces pour piano dont les plus connues sont Jeux d'enfants (12 pièces à 4 mains, orchestrées plus tard par Bizet lui-même). Bizet est l'auteur d'un opéra qui traite d'un thème russe et qui a pour titre Ivan le Terrible ou Ivan IV.
Les reproches qui lui furent adressés de son vivant, par exemple celui de wagnérisme, nous paressent aujourd'hui fort singuliers. Une pensée élégante et forte, un vocabulaire précis, une harmonie savoureuse, un grand pouvoir de suggestion et, dans Carmen, un souci de profonde vérité, voire de réalisme, qui ne consent cependant pas à la moindre vulgarité d'écriture, tels sont les traits essentiels de ce compositeur. Bizet, qui, en dehors de son voyage à Rome, ne bougea pratiquement plus de Paris et de ses environs, évoqua à merveille l'atmosphère des différents pays où se déroulent ses ouvrages lyriques (l'Espagne dans Carmen ou la Provence dans sa musique de scène pour l'Arlésienne). Il composait ses partitions comme un peintre ses toiles, créant et dosant savamment des couleurs personnelles.
Ce grand musicien, qui sauva le théâtre musical français de la facilité, conquit peu à peu
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les suffrages du public et du monde musical. Nietzsche, wagnérien fanatique, fut à tel point bouleversé par la musique de Bizet, par la nouveauté et la clarté de la mélodie, l'éclat d'instrumentation, la vivacité du mouvement général, que, dans son enthousiasme désordonné, il voulut opposer Carmen à Tristan et Isolde : la musique « sur quoi l'esprit danse » après la musique « dans quoi l'esprit nage ».
Commentaires :
Marmontel Antoine (1816 - 1898) -pianiste, compositeur, pédagogue français Halévy Jacques Fromental (1799 -1862)
- compositeur français
Zimmermann Pierre Joseph Guillaume (1785 - 1853) - pianiste, pédagogue, compositeur français
conservatoire m - école qui forme des musiciens et des comédiens
Gounod Charles (1818 - 1893) -compositeur français
Berlioz Hector (1803 - 1869) compositeur romantique français
Liszt Franz (1811 - 1886) - compositeur et pianiste hongrois
Bouffes-Parisiens - théâtre créé en 1855 par Jacques Offenbach, le plus grand compositeur d'opérettes du Second Empire Scott Walter (1771 - 1832) - écrivain écossais
Musset Alfred (1810 - 1857) - écrivain romantique français
Daudet Alphonse (1840 - 1897) -écrivain français
Franck César-Auguste (1822 - 1890)
- compositeur français d'origine belge Banville Théodore de (1823 - 1891)
- poète français
Indy Vincent (1851- 1931) compositeur français
Père-Lachaise - cimetière au nord-est de Paris
Nietzsche Friedrich (1844 - 1900) -philosophe allemand
Tristan et Isolde - opéra de Richard Wagner, compositeur allemand (1854)
Vocabulaire :
incontestablement - несомненно capacité f - способность, одаренность oreille f - музыкальный слух ravir - восхищать
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successivement - постепенно, один за другим
précaire - шаткий, ненадежный souci m - забота, беспокойство hostilité f - враждебность, неприязненность
dérouter - смущать, сбивать с толку inspiration f - вдохновение oriental - восточный splendide - великолепный, роскошный lamentable - жалкий, жалостный bien-pensant - благонамеренный élogieux - хвалебный être émerveillé - быть в восторге exagérer - преувеличить trouble m vocal - нарушение голоса étouffement m - удушье, затрудненное дыхание
crise f cardiaque - сердечный приступ affection f - любовь cancéreux - раковый (болезнь) enterrement m - похороны défunt m - умерший wagnérisme m - преклонение перед музыкой Вагнера, подражание его музыке wagnérien m - любящий музыку Вагнера
singulier - странный savoureux - сочный, смачный suggestion f - внушение voire - даже
consentir - допускать, пойти на что-либо
évoquer - вызывать, воскрешать в памяти, в представлении
savamment - со знанием дела, по-ученому suffrage m - одобрение désordonné - необузданный
Littérature
Candé R. Dictionnaire des musiciens. - Paris, 1994.
Dictionnaire de la musique. La musique des origines à nos jours. Sous la direction de Marc Vignal. - Paris 1993.
Vedenina L.G. La France, les Français, le français. - Moscou, 2001.
О.И. Осаволюк,
доц. кафедры французского языка СмолГУ, канд. филол. наук, г. Смоленск
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