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HENRI TROYAT

(1911-2007)

«... Troyat a cette force rare d'un écrivain aimé de son public, et sûr de faire ce qu'il a toujours voulu faire : échafauder des romans. Vivre dans la peau de créatures imaginaires, les siennes, ou d'hommes qu'il ressuscite; les romanciers, ses amis.»

J.-J. Brochier

La famille des Tarassoff, comme le dit Henri Troyat dans son livre Un si long chemin : Conversations avec H. Chavardès, est originaire « de la bourgade mi-arménienne, mi-cir-cassienne d'Armavir, dans le nord du Caucase ». Son père dirigeait un comptoir de drap qui avait des succursales dans toute la Russie tsariste. Outre cette entreprise de tissu, Tarassoff contrôlait l'exploitation d'une ligne de chemin de fer entre Armavir et Touapsé. Sa mère, Lydie Abessolomoff, issue d'une famille heureuse et unie dont le père était médecin et la mère ancienne pensionnaire de l'Institut

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Smolny, venait d'Ekaterinodar (aujourd'hui Krasnodar). Elle avait « un réel talent de conteuse » et peut-être est-ce d'elle qu'Henri Troyat a hérité ce don qui a fait de lui l'un des meilleurs conteurs de son temps.

Henri Troyat, Lev Aslanovitch Tarassov de son vrai nom, est né à Moscou le 1er novembre 1911, dans la maison qui se trouvait à l'angle des rues Medvejy et Skatertny, dans le quartier de l'Arbat. Il était le cadet de trois enfants : sa sœur Olga avait neuf ans de plus que lui, son frère Alexandre, quatre. Dans son enfance il avait une gouvernante suisse qui lui apprit les rudiments du français. Dans ses souvenirs, H.Troyat a écrit : « J'aimais la France bien avant de la connaître. »

Au moment de la révolution, les Tarassov sont contraints de s'enfuir, et, comme de nombreuses familles russes, ils entreprennent un long exode. Ils quittent Moscou pour le Caucase, où ils possèdent une vaste propriété, mais ils n'y restent pas longtemps. Du Caucase ils vont en Crimée, où ils s'embarquent pour Constantinople. De là, ils gagnent Venise, puis Paris. Après trois ans d'errance entre wagons à bestiaux et cales de bateaux, la famille Tarassov s'installe dans un appartement meublé à Neuilly-sur-Seine. Là, le petit Lev connaît l'enfance des Russes blancs, élevés dans les regrets de l'époque tsariste et de la richesse perdue. D'abord, le petit Lev est envoyé en classe de dixième au lycée Janson-de-Sailly, puis au lycée Pasteur, à Neuilly. Et s'il découvre, à 10 ans, Guerre et Paix comme « un éblouissement » et qu'il écoute les récits de ses parents qui parlaient russe entre eux et se plaisaient à évoquer devant les enfants leurs souvenirs de Russie « comme des contes de fées », il n'en devient pas moins un parfait modèle d'intégration culturelle et obtient, en 1933, une licence de droit.

Mais le jeune homme est animé du désir d'écrire. Dès l'âge de 12 ans, il sent la passion de la littérature poindre en lui. Dans Le Fils du satrape (1998), il raconte ses premières tentatives romanesques. Avec son ami Nikita, ils avaient entrepris la rédaction d'un roman à quatre mains, bien vite promis à un autodafé libérateur.

Ayant été naturalisé français, il accomplit son service militaire à Metz. Il porte encore l'uniforme quand est publié son premier roman, Faux jour, qui obtient, en 1935, le Prix du Roman populiste. La critique voit en lui un

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héritier des réalistes. Il est vrai qu'il s'inspire des œuvres de Zola et surtout de Flaubert : « Je croyais avoir trouvé une bonne méthode pour me forger un style. Je lisais à haute voix un paragraphe de Flaubert, puis je le réécrivais de mémoire, et, comparant ma version à l'originale, je m'efforçais de comprendre pourquoi ce que j'avais écrit était indigne de ce que j'avais lu. »

Rendu à la vie civile, il entre comme rédacteur à la Préfecture de la Seine, au service des Budgets. Le temps que lui laissent ses occupations administratives, il l'employait à écrire. Coup sur coup paraissent ses romans d'inspiration française : Le Vivier, Grandeur nature, La Clef de voûte. En 1938, le prix Max Barthou, décerné par l'Académie française, couronne l'ensemble de son œuvre. La même année, il obtient le Prix Concourt pour le roman L'Araigne, qui narre la sombre histoire d'un homme qui simule des suicides pour que ses sœurs ne se marient pas et s'occupent de lui. Ces premiers romans relèvent de la tradition intimiste et psychologique française.

Après la guerre, il commence la grande épopée de ses souvenirs de Russie, inspirés de ceux de ses parents. Travaillé par les récits passionnants de ses parents et les bribes d'une enfance moscovite, Henri Troyat signe de vastes sagas romanesques telles que Tant que la terre durera en trois tomes (1947-1950), Les Semailles et les Moissons en cinq tomes (19531958), La Lumière des justes (1958-1963), ou des œuvres à caractère documentaire comme La Vie au temps du dernier Tsar en 1959.

Troyat se méfie de la réalité, « elle est remplie d'invraisemblances », alors qu'« écrire un roman, c'est rendre ce qui aurait pu être aussi émouvant que ce qui a été ». Pourtant, malgré ses nombreux romans et cycles romanesques, il reste le biographe le plus populaire de l'après-guerre. Qu'il traite de la Russie tsariste avec ses livres sur Catherine la Grande (1977) ou Pierre le Grand (1979), Ivan le Terrible (1982) ou Alexandre Ier (1985), qu'il décrive avec ardeur et émotion la vie de ses compatriotes de cœur comme Dostoïevski (1940), Pouchkine (1946), Tolstoï (1965), Tourgueniev (1985) ou celle de ses compatriotes d'adoption comme Flaubert (1988), Maupassant (1989) ou Zola (1992), Verlaine (1993), Baudelaire (1994), Henri Troyat sait montrer la face cachée des grands hommes. Il s'immisce dans leurs pensées, derrière leurs

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actes, et les peint dans toute leur complexité. Le personnage qu'il préfère, celui dont il se sent le plus proche est Tchekhov : « Le plus modeste, le plus ironique, le plus discret. » Mais de son propre aveu, les biographies ne sont que des moments de pause où l'auteur vient se ressourcer auprès des maîtres de sa jeunesse et de sa patrie d'origine : « La biographie me repose, elle me frustre aussi beaucoup. Je préfère les dangers du roman. »

Car si Troyat est devenu plus français qu'on ne peut l'être, il n'en reste pas moins attaché à la sainte patrie de ses premiers souvenirs (ses manuscrits sont d'ailleurs relus par un ancien officier de la Garde impériale pour y déceler les erreurs et les omissions). Au crépuscule du communisme, qu'il considérera comme un « éclat de rire de l'histoire », il refusera pourtant d'y retourner : « Je me suis construit une Russie intérieure. Je ne veux pas être confronté à la réalité russe (...). Tout mon rêve intérieur, celui qui me fait écrire, s'effondrerait (...). Je préfère en rester à mes souvenirs d'enfant de 8 ans plutôt que de risquer d'appauvrir mon rêve. »

Nul ne le contestera, Troyat était infatigable, sa capacité de travail était extraordinaire. Honoré de Balzac disait souvent que le génie est un bœuf, Troyat a repris cette image, en disant : « Je dois creuser mon sillon, coûte que coûte, en dépit des obstacles qui ralentissent ma marche ... » Et il l'a bien creusé. Écrivant debout devant son fameux pupitre (qu'il délaissa pourtant avec le poids des ans), il a produit une œuvre qui compte plus de cent volumes, essentiellement composée de romans et de biographies, où la peinture de l'ancienne Russie alterne avec la description de la France contemporaine.

Sa vie se confond avec son œuvre, tant par les thèmes abordés que par la régularité époustouflante de sa production. D'aucuns lui ont reproché d'incarner une littérature populaire, mais Troyat considérait qu'un écrivain doit « écrire ce qui lui tient à cœur, sans se soucier des écoles littéraires (...). Si les grandes œuvres sont grandes, c'est d'abord parce que, indépendamment des règles esthétiques, elles font passer un message humain ». L'écrivain doit être un naïf s'il veut toucher au cœur.

Le 21 mai 1959, à l'âge de 48 ans, Henri Troyat, élu à l'Académie française, au fauteuil de Claude Farrère (28e fauteuil), devient l'un

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des plus jeunes académiciens. Il a l'honneur d'être le deuxième homme de lettres naturalisé admis sous la Coupole depuis la fondation de la Compagnie1. Lorsque sa mère apprend la nouvelle, elle ne dit qu'une phrase : « C'est bien, mon petit. Mais maintenant il faut continuer... »

Plus tard, il reçoit d'autres distinctions : Grand-Croix de la Légion d'honneur, Commandeur de l'Ordre national de Mérite, Commandeur des Arts et des Lettres.

Dans les années soixante-dix, ses romans comme Anne Prédaille, Le Moscovite jouissent d'une grande notoriété. Malgré cette belle popularité, il confie qu'à chaque nouvelle publication il « tremblait comme un débutant, qu'il avait une frousse de débutant. »

Selon un sondage de 1978, 57% des lecteurs français ont lu au moins une œuvre d'Henri Troyat. Il n'y a que Balzac pour faire mieux et Guy des Cars pour l'égaler. C'est dire l'importance énorme qu'a pour le public l'œuvre de Troyat.

En 1994, un très sérieux sondage le consacre roi du panthéon des goûts nationaux, mais l'écrivain ne se laisse pas griser par la gloire; il s'en méfie comme de la peste : «Le succès ne signifie rien. Je sais de quoi je parle : au matin de ma vie, j'ai vu mes parents tout perdre sur un revers du destin, j'ai retenu la leçon. Je suis un homme d'ombre et de travail. »

Jusqu'à la fin de sa vie, Henri Troyat, « cet artisan de la plume », écrit sans cesse, surtout sur cette Russie de « conte de fées ». Alors il publie encore Le Défi d'Olga, La Ballerine de Saint-Pétersbourg en 2000, La Baronne et le musicien en 2004. Son dernier roman, La Traque, a été écrit en 2006. Auteur de plus de 100 ouvrages, romans et biographies, Henri Troyat s'éteint paisiblement à Paris le dimanche 3 mars 2007, à l'âge de 95 ans. Il était alors le plus ancien membre de l'Académie (doyen d'élection).

La cérémonie religieuse qui a précédé son inhumation au cimetière du Montpar

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