научная статья по теме POUR UNE POLITIQUE ГEALISTE ET EFFICACE DE I'ENSEIGNEMENT DU FRANC AIS. QUEL FRANCOIS APPRENDRE ? QUEILES METHODES UTILISER ? Языкознание

Текст научной статьи на тему «POUR UNE POLITIQUE ГEALISTE ET EFFICACE DE I'ENSEIGNEMENT DU FRANC AIS. QUEL FRANCOIS APPRENDRE ? QUEILES METHODES UTILISER ?»

POUR UNE POLITIQUE

RÉALISTE ET EFFICACE DE L'ENSEIGNEMENT

DU FRANÇAIS. QUEL FRANÇAIS APPRENDRE ? QUELLES MÉTHODES UTILISER

Face à un problème dont on mesure l'importance, il y a deux scénarios catastrophes : se lamenter en rejetant la faute sur les autres et adopter des solutions boiteuses en prétendant qu'elles sont valables. C'est malheureusement ce qu'on observe souvent lorsqu'il est question du recul du français sur la scène internationale.

Il est clair que, depuis le XVIIIe siècle, dans le monde, le français perd du terrain, au profit de l'anglais. C'est une conséquence de l'histoire. L'essor des langues est lié à la politique, à l'économie et à la culture planétaires.

Mais il est un facteur qu'on ne souligne pas assez. L'anglais, langue internationale de plus en plus utilisée, a vu, à côté d'un emploi standard du code, des masses d'emplois simplifiés, mais suffisants pour certaines communications. C'est ce qu'on appelle l'anglais d'aéroport ou l'anglais des affaires. La pratique de ce sabir basique (le « globalish » !) que les francophones méprisent souvent, a pourtant grandement favorisé l'expansion de l'anglais et contribué à son succès, d'autant plus que le code standard de l'anglais est difficile au niveau de la prononciation et de l'orthographe, plein de tournures idiomatiques et structuré par une grammaire plus basée sur l'usage que théorisée dans des traités comme c'est le cas pour le français. Mais le « globalish »

n'a pas empêché les Anglais de lire Shakespeare, ni les écrivains anglophones d'écrire dans une langue restée très pure et très nuancée.

À cette « invasion de l'anglais », nous collaborons inévitablement, car nous parlons ou baragouinons cette langue dans de nombreuses circonstances pour bénéficier de certains avantages ou services, l'Internet, par exemple. Cela nous amène à repenser la place du français parmi les deuxièmes ou troisièmes langues parlées et enseignées, notamment à côté de l'espagnol et de l'allemand, mais aussi du russe et du portugais.

Dès lors, plutôt que de se lamenter, il faut militer pour le respect de la diversité linguistique, notamment dans les institutions internationales, dans l'enseignement, dans les distributeurs de billets, dans les moteurs de recherche, dans le droit international...

Il faut aussi insister sur le fait que renoncer à une langue, c'est se priver des informations qu'elle véhicule, de la culture qu'elle exprime, de la littérature qu'elle porte.

Par ailleurs, on ne milite pas pour la diversité linguistique et le maintien du français parmi les langues internationales sans faire la chasse aux idées fausses sans mener une réflexion sur la langue française et son évolution, sans choisir des méthodes d'enseignement adaptées, efficaces, encourageantes.

Tordre le cou aux idées fausses !

• Méfions-nous tout d'abord des chiffres présentés de manière fallacieuse !

On entend dire, souvent, de manière rassurante, que le nombre de celles et ceux qui parlent français est en progression constante. C'est vrai. Mais si l'on compare cette progression à celle de la natalité ou à celle du nombre des anglophones, il faut admettre que le français est en recul. De plus, indépendamment de toute considération ethnique, raciale, philosophique, religieuse, force est de reconnaître qu'un francophone n'égale pas nécessairement un autre francophone ! Certains ont plus de poids que d'autres, pour diverses raisons tout autres que la valeur humaine des individus : ils maîtrisent mieux la langue, ils sont plus jeunes, ils occupent dans le monde une place culturellement, économiquement, socialement, politiquement plus importante.

• Méfions-nous des amalgames. J'ai entendu dire, par exemple, « langue unique = pensée

unique » ! Et on argumente disant qu'une langue reflète une vision du monde et façonne une psychologie. Parfois même, on va jusqu'à associer une langue avec une idéologie et un système de valeurs.

On parle de l'anglais, langue du capitalisme international et de l'ultralibéralisme, de la science et de l'économie, voire du matérialisme auquel, bien évidemment, on oppose le français, langue de la liberté intellectuelle, de la littérature et des Droits de l'Homme. Non, langue unique ne signifie pas pensée unique. Tous les Américains ne sont pas des clones intellectuels de Bush. De Gaulle et Sartre utilisaient la même langue sans penser la même chose ! Si par ses catégories grammaticales et son système lexical, une langue structure notre représentation du monde, elle ne va pas jusqu'à nous en imposer une conception, avec des jugements de valeur, une métaphysique, une morale.

• Méfions-nous des slogans. Certes dire que « le français est la langue qui fait la différence » n'est pas faux, mais est-ce vraiment la langue ou l'usage qui en est fait qui crée cette différence ?

• Méfions-nous des arguments spéciaux tels que « Il faut défendre le français pour préserver l'emploi des enseignants de français ». D'abord, ce faux argument peut défendre l'enseignement de toute langue qui se sent menacée. Ensuite, il manifeste une réaction corporatiste qui ne tient pas compte du bien des élèves. Enfin, il fait l'impasse sur l'essentiel : une réflexion sur la raison d'être, sur le contenu et la méthode des cours.

• Méfions-nous des idées démagogues. Elles peuvent être dangereuses. Elles ne reposent sur rien. Elles empêchent d'agir dans la bonne direction. On veut parfois promouvoir le français parce qu'il s'agit d'une langue belle, ou d'une langue claire, ou d'une langue logique. Ce n'est pas très élégant pour les autres langues ! En plus, ces jugements ne reposent pas sur des critères objectifs. Toutes les langues ne sont-elles pas belles quand elles sont bien parlées ou écoutées par des oreilles complaisantes ?

Le français a certes des particularités phonétiques (point d'articulation avancé) mais cela suffit-il pour le trouver plus mélodieux que l'italien, par exemple. La création de mots est moins fréquente en français que dans les langues germaniques, ce qui fait

Консультации

que le lexique est plus stable. Cela signifie-il qu'il soit plus précis ? Par ailleurs ne trouve-ton pas une grande richesse dans les langues slaves, généreuses en diminutifs affectifs, domaine dans lequel le français est pauvre ? J'ai même entendu dire que la beauté du français venait de sa difficulté, du nombre d'exceptions que tolèrent ses règles ! Est-ce qu'une langue est claire et logique quand ses règles comptent tant d'exceptions ? Une fois de plus, le français est ce qu'on en fait : la langue dont se sont servis Pascal et Descartes et aussi celle de Mallarmé et d'André Breton !

Parmi ces idées démagogues, j'ajouterai, pour terminer, celle qui consiste à associer le français à des produits prestigieux qui viennent de France et spécialement de Paris. Cela tend à signifier que la Francophonie se réduit à la France, que la France c'est Paris, que Paris c'est la gastronomie, la haute couture, le french cancan, la Tour Eiffel...

Donc, une première précaution est de mettre de côté les idées fausses et les arguments sans fondement. C'est possible et c'est nécessaire, parce que le français a de bonnes raisons de jouer un rôle important, mais non plus un rôle de suprématie, dans le monde.

1. Le français doit se maintenir sur la planète, parce que, comme beaucoup d'autres grandes langues, il offre la possibilité de visiter tous les domaines de la pensée, tous les secteurs de la science, toute la gamme des émotions et des sentiments. En outre, il fournit un métalangage précis sur son fonctionnement. Ces possibilités ont été exploitées durant des siècles.

2. Le français doit se maintenir parce que comme d'autres langues, notamment l'anglais et l'espagnol, il permet à des hommes et des femmes de cultures différentes de dialoguer. Il peut aussi bien exprimer l'âme de ceux qui vivent dans les montagnes de Suisse, dans l'immensité du Sahara, dans le Plat pays qui est le mien, dans la Provence des senteurs et la Bretagne des légendes et des lumières changeantes. Mais pour assumer cette tâche qui le justifie, le français doit se libérer des visées centralisatrices, conservatrices, hypernormatives, voire parfois impérialistes ou néocolonialistes qui animent certaines personnes qui, dans l'Hexagone, gèrent la politique linguistique. C'est tout l'enjeu de la Francophonie. L'avenir de celle-ci dépend de l'usage que l'on veut faire du français dans le

77

monde. Le français appartient aux francophones et n'est pas au service de la France.

3. Le français renonçant à des prétentions monopolistiques peut alors s'allier avec d'autres langues pour faire valoir les droits de la diversité linguistique, ce qui est un choix citoyen, une volonté que chacun puisse, le plus largement possible, s'exprimer dans sa langue ou dans une langue qui lui est familière.

Le français doit être maintenu, mais il doit s'adapter, évoluer.

1. Il doit se régénérer pour continuer à investir le champ scientifique et rattraper son retard sur l'anglais. Il ne doit pas se cantonner au domaine de la littérature. Cela suppose qu'il crée et qu'il emprunte1 des mots en sachant bien que le génie d'une langue ne réside pas dans le vocabulaire (partie fuyante et volatile s'il en est !), mais dans sa grammaire !

2. Il doit accepter à côté de la langue des grands auteurs, une langue basique qui n'est pas une menace, mais une opportunité, langue des débutants qu'il ne faut pas décourager par la peur de la faute, langue des locuteurs occasionnels, langue des hommes et des femmes (les primo-arrivants, par exemple) pour qui la communication est une nécessité et la correction une impossibilité. La maîtrise parfaite du français et d'une langue en général est un mythe. On sait que tous les francophones natifs n'obtiendraient pas le niveau C2 au DALF. La langue de la communication, de l'action, des contacts noués au hasard, des boutiques et de la rue, des centres d'information est essentielle. Elle est souvent une première étape, un contact qui

Для дальнейшего прочтения статьи необходимо приобрести полный текст. Статьи высылаются в формате PDF на указанную при оплате почту. Время доставки составляет менее 10 минут. Стоимость одной статьи — 150 рублей.

Показать целиком